Dans un sondage réalisé l’année dernière les personnes interrogées se répartissaient en trois groupes, le plus important (40 %) pensent qu’il n’y a rien après la mort, et les autres se répartissent en deux groupes à peu près équivalents, entre ceux qui ne savent pas ou ne se prononcent pas, et puis le groupe de ceux qui espèrent retrouver leurs proches (26 %), qui espèrent voir Dieu (7 %), qui s’attendent à une réincarnation façon bouddhiste ou à un tunnel de lumière.
Si voir Dieu est le bonheur donné aux Saintes et aux Saints que nous avons célébrés hier, – « la vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent, toi le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus Christ » (Jn 17, 3), retrouver ses proches est l’espérance chrétienne et la promesse faite par le Christ : « croyez en moi » dit-il dans son discours d’Adieu dont nous venons d’entendre un passage : « je reviendrai et je vous emmènerai auprès de moi, afin que là où je suis, vous soyez, vous aussi » (Jn 14, 3), vous et ceux que vous aimez.
Toute la question est de savoir ce que nous avons à faire pour cela, pour ceux de nos proches dont la vie semblait pire que la nôtre, dont on ne savait pas vraiment en qui ou en quoi ils croyaient et qui vivaient certains comme si Dieu n’existait pas. Qui rentraient difficilement dans l’appellation de la Commémoration de ce jour des « fidèles » défunts.
N’entendez-vous pas leur âme qui supplie : ‘Prie pour moi !’.
Une amie me demande régulièrement ce que signifie la phrase de Jésus : « Dans la maison de mon Père, il y a de nombreuses demeures » (Jn 14, 2) ?
Il ne s’agit certainement pas d’une configuration telle qu’elle permettrait de ne pas croiser les personnes avec qui nous sommes brouillés.
Le passage obligé pour la Maison du Père est la réconciliation. « Laissez-vous réconcilier avec Dieu ! » (2 Co 5, 20) dit la liturgie du Mercredi des Cendres. « Car c’est bien Dieu qui, dans le Christ, réconciliait le monde avec lui : il n’a pas tenu compte des fautes, et il a déposé en nous la parole de la réconciliation » (2 Co 5, 19).
Se réconcilier avec Dieu et entre nous : c’est le sens de la couleur violette de cette messe des Défunts.
« Dans la maison de mon Père, il y a de nombreuses demeures ». On peut l’entendre aussi à la lumière des enseignements de sainte Thérèse d’Avila sur notre cœur, cette demeure intérieure, ce château où Dieu veut demeurer en nous pour que nous demeurions en lui. Image magnifique quand ce château est celui des noces éternelles auxquelles nous sommes conviés comme les invités des noces des paraboles des évangiles, symbole de la joie promise.
Dans les jours terribles gravés en votre mémoire du décès de la personne que vous aimiez, vous avez peut-être pu emmener son corps à l’église, la confier à la prière de toute l’Eglise, et peut-être aussi y retournez-vous plus souvent prier pour elle, « pour tous ceux qui sont morts et dont Toi seul Seigneur connais la foi », Toi qui nous as fait la promesse de nous retrouver auprès de Toi.
Le matin où ma mère est morte, je pleurais tellement que j’ai demandé au curé de la paroisse d’à-côté de me remplacer aux obsèques que je devais célébrer ce matin-là.
Il est arrivé ceci d’inimaginable que les Pompes funèbres ont oublié le cercueil. Quand le prêtre est allé chercher le corps, l’assemblée étant dans l’église, les porteurs ont ouvert la porte arrière du corbillard : le fourgon était vide ! Le chauffeur avait assisté à l’Adieu au visage, à la fermeture au funérarium du cercueil, et il était reparti sans. Oups. Heureusement que mon confrère était un prêtre solide à la parole forte qui a entretenu l’assemblée de l’espérance de Dieu pendant que le chauffeur faisait l’aller-retour.
De même que nous célébrons chaque année à Pâques la Résurrection du Christ, Il est vraiment ressuscité ! et nous la célébrons chaque dimanche, et même chaque jour, de même, chaque année, nous prions pour tous les défunts pour qui nous prions chaque dimanche, et même chaque jour à la messe : « Seigneur, reçois-les dans la lumière de ton visage ».
‘Mon amour s’exprime autrement’ disent ceux qui ne vont jamais à l’église ni au cimetière où pourtant, là aussi, chacun prie pour tous dans une même et seule communion d’espérance. Au cimetière, il y a beaucoup de tombes, beaucoup de larmes et de douleurs, et une même et seule espérance, de nous retrouver en Dieu, dans le Christ, la paix, la joie et la lumière.
A chaque messe, après la communion, je dis cette prière que je vous détaillerai un autre jour :
Dieu transcendant, nous t’adorons
dans ton admirable et absolue simplicité :
tu es Eternel, Immense, Immuable et Infini.
Dieu trois fois Saint, nous te glorifions
pour ta Toute-Puissance, ton Omniscience,
ta Bonté, ta Sagesse et ta Sainteté.
Dieu d’Amour, nous te rendons grâce
pour ta Patience, ta Bienveillance,
ta Providence, ta Justice et ta Miséricorde.
Seigneur Jésus-Christ, Fils du Dieu vivant,
entends nos prières, aie pitié de nous,
montre-nous ton visage et nous serons sauvés.