Sauve-nous, Seigneur !

C’est la 4ème fois depuis l’an 2000 que le 14 septembre tombe un dimanche et que la fête de la Croix glorieuse, quarante jours après la fête le 6 août de la Transfiguration, prévaut sur les textes du 24ème dimanche ordinaire, dont l’évangile est pourtant la Parabole du fils prodigue, le texte phare de la Miséricorde :
La Croix du Christ n’est-elle pas le signe absolu de la Miséricorde ?

La 4ème fois depuis l’an 2000 et la 11ème fois depuis 1950 (1952, 1958, 1969, 1975, 1980, 1986, 1997) : ce n’est pas si fréquent.

Depuis l’an 2000, trois fois donc : en 2003, 2008 et 2014.

En 2003, le pape Jean-Paul II était en voyage apostolique en Slovaquie à Bratislava. Il disait : « Que voyons-nous lorsque nous tournons le regard vers la Croix où Jésus est cloué ? Nous contemplons le signe de l’amour infini de Dieu pour l’humanité. Ô Croix, notre unique espérance ! Nous admirons – émerveillés et reconnaissants – la largeur, la longueur, la hauteur et la profondeur de l’amour du Christ qui dépasse toute connaissance (Ep 3, 18-19) ! Ô Croix, notre unique espérance ! ».

En 2008, le pape Benoît XVI était à Lourdes, où il rappela que « l’instrument de supplice qui manifesta, le Vendredi-Saint, le jugement de Dieu sur le monde, est devenu source de vie, de pardon, de miséricorde, signe de réconciliation et de paix ».

Il avait cité saint Augustin : « Pour être guéris du péché, regardons le Christ crucifié ! ».

Avant de s’attacher longuement à Marie en ce sanctuaire de Lourdes : « Marie vous dit qu’aucun de vous n’est indifférent à Dieu. Il pose Son regard aimant sur chacun de vous et vous appelle à une vie heureuse et pleine de sens. Ne vous laissez pas rebuter par les difficultés ! ».

Le 14 septembre 2014, le pape François célébrait à Rome une messe spéciale pour les époux, s’adressant en particulier à ceux qui comme dans la 1ère lecture « ne supportent pas le voyage » de la vie conjugale et familiale : « à ceux qui sont mordus par les tentations du découragement, de l’infidélité, de la régression, de l’abandon…Dieu offre un remède, un antidote, sa force de guérison qui est sa Miséricorde, plus forte que le venin du tentateur. Dieu le Père donne son Fils Jésus, non pour les condamner, mais pour les sauver : s’ils se confient à Lui, Il les guérit par l’Amour Miséricordieux qui surgit de sa Croix, par la force d’une Grâce qui régénère et remet en chemin, sur la route de la vie ».

J’ai relu pour vous ces trois homélies, aux styles si différents, ferventes et puissantes, même si en 2003 Jean-Paul II était à bout de forces – mais pas « à bout de courage » ! comme le peuple qui « à bout de courage, récrimina contre Dieu et contre Moïse » (Nb 21, 4).

Et résonnait en moi cette parole du Christ (un peu plus loin dans l’évangile de saint Jean, dans l’épisode dit du « grain de blé tombé en terre : s’il ne meurt il reste seul, mais s’il meurt porte beaucoup de fruit »), lorsqu’il dit : « Et moi, quand j’aurai été élevé de terre, j’attirerai à moi tous les hommes » (Jn 12, 32). Qui ne saurait être attiré par le Christ et sa Miséricorde ?

La Passion du Christ le montre, lui aussi, à bout de forces. Et pourtant, « ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, il les aima jusqu’au bout » (Jn 13, 1).

L’amour est une énergie inépuisable, qui n’appartient pas à celui qui la reçoit.

Voilà ce que signifie être attiré par le Christ : se laisser saisir par cette force pour la communiquer autour de soi. Faire connaître le Christ à ceux qui ne l’ont pas encore rencontré. Partager cette force et cette joie avec ceux qui ont eu cette chance pour le glorifier d’un seul cœur, chaque dimanche, puiser à cette source infinie de grâces.

Comment ne pas rendre grâce avec et pour tous ceux que la Croix a guéris de leurs doutes, de leurs enfermements, de leurs désespérances ? Et disons-le clairement : de leurs démons.

Le signe de la Croix chasse les démons, ce n’est pas de la superstition. La Tradition spirituelle est unanime à l’affirmer, tous les Saints ont eu à affronter les esprits mauvais comme autant de serpents brûlants. Combien d’entre eux ont été tentés de renoncer, au mauvais sens du terme, d’abandonner la route, le chemin vers le Père.

Le 14 septembre 2003, Jean-Paul II terminait son homélie en rappelant que « dans le jardin de l’Eden, au pied de l’arbre, il y avait une femme, Eve. Séduite par le malin, elle s’approprie de ce qu’elle croit être la vie divine. Il s’agit au contraire d’un germe de mort qui s’insinue en elle. Sur le Calvaire, au pied de l’arbre de la croix, il y avait une autre femme, Marie.
Docile au projet de Dieu, elle participe intimement à l’offre que le Fils fait de lui pour la vie du monde et, en recevant de Jésus le disciple qu’il aimait, elle devient la Mère de tous les hommes. C’est la Vierge des Douleurs que nous rappellerons demain dans la liturgie ».

Et il portait cette prière que tous les hommes puissent croire et croître, grandir « sous la Croix du Christ et qu’ils sachent toujours en découvrir et accueillir le message d’amour et de salut. A travers le mystère de ta Croix et de ta résurrection, sauve-nous, ô Seigneur ! ».

Sauve-nous, Seigneur ! Viens au secours de notre manque de foi.

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