Saint Joseph, chercheur de Dieu

Autant dire que la liturgie respecte l’usage de nommer l’homme avant la femme, qui ne signifie pas la moindre primauté : si la tradition veut que l’homme passe en premier pour entrer dans l’église le jour de son mariage, c’est pour s’assurer que le chemin est libre. De même qu’il se tient ensuite à la droite de son épouse pour garder le bras droit libre pour tenir une épée, repousser quelque importun. 

Passer en premier n’est pas un signe de primauté. Le Nouveau Testament commence par la « généalogie de Jésus-Christ, fils de David, fils d’Abraham » (Mt 1, 1) avec la demande faite à Joseph fils de David de prendre chez lui « Marie, son épouse, puisque l’enfant qui est engendré en elle vient de l’Esprit Saint » (Mt 1, 20) : il lui est demandé de se mettre au service de Marie et son enfant, Jésus. 

Il incarne à cet égard auprès de Marie la foi d’Abraham, premier modèle de la foi (puisque c’est le sujet de la 2ème lecture de ce dimanche) : « De l’obéissance de la foi, Abraham est le modèle, la Vierge Marie la réalisation la plus parfaite » (Catéchisme de l’Eglise Catholique CEC 144).

Ce n’est pas un hasard si c’est en songe que l’Ange du Seigneur apparaît à Joseph tandis que l’Ange Gabriel apparaît de plein jour à Marie. C’est le rappel que le premier Joseph, del’Ancien Testament, était nommé l’homme des songes, et c’est lui que les exégètesreconnaissent dans la phrase de Jésus sur « l’intendant fidèle et sensé à qui le maître confiera la charge de son personnel pour distribuer, en temps voulu, la ration de nourriture » : c’est la mission que Joseph fils de Jacob reçut de Pharaon dans le Livre de la Genèse pour gérer la distribution du blé pendant les années d’abondance et de famine (Gn 41, 41).

Le Joseph de l’Ancien Testament ne nous éclaire pas beaucoup sur le saint Joseph du Nouveau. La Tradition de l’Eglise le considère plutôt comme une préfiguration du Christ dans la façon dont il va sauver ses frères alors que ceux-ci l’avaient trahi et livré aux ennemis.

Le Joseph du Nouveau Testament, fils de David, est surtout fils d’Abraham, le premier croyant en la Résurrection. Telle est l’affirmation de la 2ème lecture : « Grâce à la foi, quand il fut soumis à l’épreuve, Abraham offrit Isaac en sacrifice. Il pensait en effet que Dieu est capable même de ressusciter les morts ; c’est pourquoi son fils lui fut rendu : il y a là une préfiguration » (He 11, 19).

Croire signifie croire en la Résurrection. Croire que rien n’est impossible à Dieu !

Cela n’a rien de déraisonnable, au contraire. Arrêtons-nous sur l’adjectif ‘sensé’ que Jésus emploie à propos du serviteur fidèle. Dimanche dernier nous entendions l’opposé dans la parabole de l’homme insensé qui voulait profiter de son travail et de ses biens : Tu es fou ! 

Chaque fois, lors de la préparation d’obsèques, que j’entends les proches d’un défunt dire avec émotion et fierté que c’était un épicurien, un gourmet, un bon vivant qui aimait les plaisirs de la vie, j’ai envie de leur demander : Est-ce que vous pensez que Jésus était un ‘bon vivant’ ? 

Voilà qu’au moment où on devrait faire profil bas, demander pardon pour avoir privilégié les plaisirs matériels sur le souci des pauvres (ce 10 août est la fête de saint Laurent martyr qui a donné sa vie par amour du Christ et des pauvres), certains en font un titre de gloire !

Vous avez entendu l’évangile : « Là où est votre trésor, là aussi sera votre cœur. Si le serviteur se met à manger, à boire et à s’enivrer, alors quand le maître viendra, le jour où son serviteur ne s’y attend pas et à l’heure qu’il ne connaît pas, il l’écartera et lui fera partager le sort des infidèles ».

Le Pape Benoît XVI avait donné une de ses dernières catéchèses (le 23 janvier 2013), un mois avant sa renonciation, sur la foi d’Abraham « la première grande figure de référence pour parler de foi en Dieu ». Il avait commenté le passage de la Lettre aux Hébreux que nous avons en 2ème lecture : « Grâce à la foi, Abraham obéit à l’appel de Dieu : il partit sans savoir où il allait ». Pas au hasard, pas pour échapper à la routine du quotidien : il était à la recherche d’une « patrie meilleure, celle des cieux » (He 11, 16) sa foi faisant de lui un pèlerin, un voyageur, un chercheur de Dieu.

Est-ce notre cas ? 

Est-ce que nous nous sentons comme des étrangers sur cette terre, non pas en ce monde pour les plus âgés qui ne reconnaissons plus le pays de notre enfance, mais parce que notre cœur est en Dieu, et que nous sommes portés par l’espérance de voir Dieu de nos yeux ?

Saint Joseph incarne auprès de la Vierge Marie la foi d’Abraham, l’espérance de ceux qui « espèrent contre toute espérance » (Rm 4, 18), parce que leur cœur est en Dieu.

Saint Joseph, fais grandir en nous l’espérance : fais de nous des chercheurs de Dieu.

Père Christian Lancrey Javal

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