L’assomption de chaque eucharistie

En ce jour où nous célébrons l’entrée corps et âme de la Vierge Marie dans la gloire du Ciel, demandons-lui, prions-la de nous aider à mieux vivre la messe, à entrer plus avant dans le mystère de l’Eucharistie puisqu’elle est « une femme eucharistique » suivant l’expression de Jean-Paul II.
Il avait employé cette expression dans sa dernière Lettre encyclique, du 17 avril 2003, deux ans avant sa mort, « L’Église vit de l’Eucharistie », après avoir rappelé sa lettre sur le Rosaire un an plus tôt le 16 avril 2002, et la création des mystères lumineux dont l’institution de l’Eucharistie : « Marie peut en effet nous guider vers ce très saint Sacrement, car il existe entre elle et lui une relation profonde ». 
Et c’est là qu’il écrit que « par sa vie tout entière, Marie est une femme eucharistique » (n. 53). 

« Sa vie toute entière » s’accomplit aujourd’hui dans son entrée au Ciel.

Les paroles de la Lettre de Jean-Paul II éclairent ainsi l’évangile de ce 15 août :

« Si Église et Eucharistie constituent un binôme inséparable, il faut en dire autant du binôme Marie et Eucharistie. C’est une vérité que l’on peut approfondir en relisant le Magnificat dans une perspective eucharistique. 
En effet, comme le cantique de Marie, l’Eucharistie est avant tout une louange et une action de grâce. 
Marie chante les ‘cieux nouveaux’ et la ‘terre nouvelle’ qui, dans l’Eucharistie, trouvent leur anticipation et en un sens leur ‘dessein’ (leur finalité) programmé(e). 
Si le Magnificat exprime la spiritualité de Marie, rien ne nous aide à vivre le mystère eucharistique autant que cette spiritualité. L’Eucharistie nous est donnée pour que notre vie, comme celle de Marie, soit tout entière un Magnificat ! ».

C’est sur un aspect particulier de la Messe que je voudrais m’arrêter à savoir la double consécration du pain et du vin en Corps et Sang du Christ.

« Dans la continuité avec la foi de la Vierge, il nous est demandé de croire que, dans le Mystère eucharistique, Jésus, Fils de Dieu et Fils de Marie, se rend présent dans la totalité de son être humain et divin, sous les espèces du pain et du vin ».

Pourquoi dans ce sens-là, dans cet ordre-là du Pain et du Vin, du Corps et du Sang ? Alors que le repas de la Pâque juive comme du shabbat commençait par une coupe de bénédiction.

Le sang est le symbole de l’âme. Et pourtant, au Dernier repas, Jésus a d’abord donné son Corps à manger, prenez et mangez, avant de donner son Sang, faites cela en mémoire de moi, parce que le corps est premier dans toute rencontre et les qualités de la personne apparaissent en second, et que du corps de Jésus sur la Croix il en sortit à sa mort de l’eau et du sang pour donner la vie au monde.

La séparation du corps et de l’âme constitue la mort.

Et pour entrer dans la vie éternelle et divine, nous avons besoin d’être rendus dignes de Dieu, par sa Miséricorde et non par nos mérites, et si la purification de notre corps est la plus facile, la purification de notre âme est la plus longue qui a débuté au jour de notre baptême, le jour où notre âme est devenue l’épouse du Christ, suivant l’expression d’un maître spirituel du 19ème siècle (Charles Gay 1815-1892) : « Jésus est l’époux de l’âme, l’âme l’épouse de Jésus ».

Marie la Toute Pure, la fille bien-aimée du Père, la mère de Jésus, l’épouse de l’Esprit, comblée de grâces, n’a eu besoin ni de la purification de son corps ni de la purification de son âme. C’est la raison pour laquelle l’Eglise ne parle pas de sa mort, de la séparation de son corps et de son âme, mais de sa Dormition et de son Assomption : elle pouvait ‘assumer’ devant Dieu tout ce qu’elle avait vécu dans sa vie grâce à Lui.

Il n’en va pas de même pour nous et c’est pourquoi nous allons à la messe et nous prions Marie : pour demander la purification de nos péchés, en sachant que ceux de notre corps, colères, impuretés, gourmandises, paresses, etc. résultent des choix de notre âme et c’est elle qui doit être sauvée. Rachetée. Purifiée.

Si l’Ange du Seigneur m’apparaissait à moi aujourd’hui, en espérant que j’aurais alors autant de foi et de confiance que Marie pour répondre qu’il me soit fait selon ta Parole, j’iraisd’abord me confesser, demander le pardon de mes péchés, avant de partir au service des personnes que l’Ange m’aurait indiquées (comme il a suggéré à Marie de se rendre auprès d’Elisabeth).

La question que nous devons nous poser est de savoir si nous sommes prêts à répondre comme Marie et avec Marie à l’appel du Seigneur. Cette question est celle de notre mort. Elle résonne à chaque messe, c’est l’assomption de chaque eucharistie.

Est-ce que, en conscience, j’assume devant Dieu tout ce que je pense, tout ce que je dis, tout ce que je fais et ce que je ne fais pas ? Notamment prier autant que je le voudrais ?

Vierge Marie, aide-nous à assumer notre vie, à la purifier à chaque eucharistie.

Partager cette homélie

Recevez les homélies chaque semaine

Recevoir l'homélie chaque semaine