La lumière dans l’épreuve

Quelle est la lumière que cette fête de l’Immaculée Conception de la Vierge Marie apporte dans notre vie ? La proclamation relativement récente du dogme, en 1854, ne doit pas cacher la certitude qu’en ont eue pendant des siècles la plupart des théologiens et des Saints, au point que ce fut au Moyen-Âge une condition pour pouvoir enseigner à l’Université de Paris. 

Sa proclamation fut entérinée par la Vierge Marie elle-même lors de son apparition à sainte Bernadette Soubirous à Lourdes en 1858 : « Je suis l’Immaculée Conception ». Sans oublier son apparition quinze ans plus tôt à sainte Catherine Labouré en 1830 : « Ô Marie conçue sans péché, priez pour nous qui avons recours à vous ».

C’est la lumière de l’Esprit-Saint. La lumière du Christ, par qui nous connaissons Dieu. 

Saint Ephrem, diacre et poète, mort en 373 en Turquie, docteur de l’Eglise, comparait le Père au soleil dont le Fils est la lumière et l’Esprit la chaleur. Chaleur consolatrice et réconfortante et feu purificateur. Comme dit le Veni Sancte Spiritus, « Sans ta puissance divine (numineuse), il n’est rien, en personne, rien qui soit sans péché » (innoxius, sans défaut, sans reproche ou sans tare).

Cette fête est une fête de l’Esprit Saint, comme toutes les fêtes de lumière : début janvier, ce sera l’Epiphanie avec l’étoile qui guide les Mages, le 25 janvier, la conversion de saint Paul, la lumière l’a ébloui et rendu aveugle sur le chemin de Damas. Puis le 2 février la Présentation du Seigneur au Temple avec le vieillard Syméon et la prophétesse Anne, Syméon poussé et béni par l’Esprit : « car mes yeux ont vu le salut que tu préparais à la face des peuples, lumière qui se révèle aux nations et donne gloire à ton peuple Israël » (Lc 2, 32).

Et nous pourrions parcourir ainsi le long de l’année : nous aimons la lumière.

Lors des baptêmes, je demande parfois aux tout-petits-enfants présents : ‘La nuit quand tu dors dans ta chambre il fait tout noir ou il y a une petite lumière ?’. ‘Oui, une petite lumière’. Je prends alors au Cierge de Pâques la lumière de la Résurrection pour la confier aux parents, parrain et marraine du baptisé : « C’est à vous que cette lumière est confiée. Veillez à l’entretenir : que cet enfant, illuminé par le Christ, avance dans la vie en enfant de lumière et demeure fidèle à la foi de son baptême. Ainsi, quand le Seigneur viendra, il pourra aller à sa rencontre dans son Royaume, avec tous les saints du ciel ».

Cette fête de l’Immaculée Conception éclaire ce que nous croyons du péché originel : la Vierge Marie en a été préservée pour être la Mère de Dieu, pour être une demeure digne du Fils de Dieu, parce que cette blessure du péché originel ne faisait pas partie à l’origine de la nature humaine. La Vierge Marie en a été préservée pour que nous sachions que nous pouvons en être délivrés et nous en avons été délivrés à notre baptême même si nous en gardons des séquelles. Pour le dire autrement, l’égoïsme n’est pas une fatalité.

‘Je ne suis pas un saint, je ne suis pas une sainte’ : mauvais renoncement. Nous ne sommes pas des saints mais nous pouvons le devenir. En préférant l’amour de Dieu aux plaisirs de la vie, en décidant de suivre et de chercher à imiter le Christ.

Fiancée à Joseph, Marie avait décidé de rester vierge, de renoncer au bonheur et à la fierté (à l’époque) d’avoir des enfants. Elle voulait ne vivre que pour Dieu. Comment était-ce compatible avec son mariage ? Elle ne le savait pas : elle faisait confiance à Dieu. 

Un peu comme les premiers moines, après les premières persécutions, avaient décidé de vivre seuls, en ermites, que pour Dieu. Et ils s’étaient retrouvés entourés de disciples et appelés à une vie communautaire, pour toutes sortes de raisons, d’obéissance et de transmission, donnant naissance à la vie religieuse telle qu’elle s’est déployée au fil des siècles, avec cette certitude qui s’est également progressivement imposée que si la vie contemplative est meilleure que la vie active, la vie apostolique est meilleure que la vie contemplative. L’amour du prochain est le critère et le fruit de l’union à Dieu.

La vie conjugale est une vie active et apostolique : un témoignage donné au monde, d’amour, de confiance, d’espérance et de fidélité.

La prière d’ouverture de ce jour est une des rares prières de messe à connaître par cœur pour la méditer : elle dit que cette grâce faite à Marie de son Immaculée Conception, cette grâce « vient de la mort de son Fils » ! Cette grâce vient de la prière du Christ dans son agonie à Gethsémani, « Père, ta volonté et non la mienne », et de son testament spirituel sur la Croix : « Voici ta Mère ».

Marie est notre mère parce qu’elle est la reine des martyrs, dans sa virginité pour le Royaume. De même que l’on parlait pour les premiers moines du ‘martyre blanc’ après celui rouge sang des persécutions, de même l’Eglise reconnaît dans la virginité consacrée une forme de martyre, du don total de soi à Dieu. Comme il peut y avoir pour les couples mariés des formes de martyre dans le mariage : martyre de la fidélité, de la déception, du sacrifice pour les enfants, d’accueil d’un enfant non prévu ou d’un handicap bouleversant – la liste est longue.

Dans toute épreuve il y a la lumière du Saint-Esprit et la tendresse de la Vierge Marie. 

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